Photographe : Audrey Marchand

Louise est une jeune femme curieuse et créative mais surtout passionnée. Elle a su créer un univers qui lui ressemble, alliant la mode et la photographie. Rencontrez-la grâce à une interview exclusive !

Depuis le lancement de ton blog, ton style, tes goûts ont évolué, comment cela se traduit-il sur le blog ?

Mon style est très éclectique. Le blog m’a permis d’affiner mes goûts. Lorsqu’on a un blog on expérimente beaucoup plus. Toutefois, j’ai fait pas mal d’erreurs il y a un an, lorsque je publiais des photos vraiment trop ostentatoires, trop customisées. Cela avait une influence sur mon style personnel, je m’habillais de la même manière dans la vie quotidienne, c’était superficiel. Le blog me poussait trop loin au niveau du look. Heureusement je m’en suis rendue compte !

Tu es vraiment talentueuse pour créer un univers esthétique et onirique lors des shooting, tu débordes d’idées… où puises-tu ton inspiration ?

Toujours dans la culture ! Je ne créée jamais à partir de rien, je reprends. Certaines personnes m’inspirent particulièrement : Loulou de la Falaise, les courtisanes du XIXème siècle, David Bowie…

Comment se déroule un shooting ?

Peu de choses sont laissées au hasard lors d’un shooting. Cela demande un grand travail en amont, choisir un lieu, les vêtements, l’environnement, créer un univers esthétique. Je travaille avec plusieurs photographes, ce sont des amis.

 Quelles sont les photographes qui t‘influencent le plus ?

De nombreux photographes m'influencent, par exemple Tim Walker pour son univers onirique, surréaliste, comme si c'était un conte de fée, Sarah Moon pour ses photos douces et vaporeuses, Irena Ionesco, elle représente tout ce que j'aime : un côté noir mais romantique, vintage réinterprété de manière moderne. J'adore Helmut Newton... et bien d'autres encore.

 Quel est ton courant artistique préféré ?

Le décadentisme ! C’est un mouvement artistique du XIX ème siècle se traduisant par la recherche du beau. L’esthétisme est poussé à l’extrême, en devenant presque morbide, sombre et mélancolique, provoquant une image sulfureuse et baroque de la femme.

C’est l’époque de Sarah Bernard, on aime ce qui est  raffiné, l’élégance à outrance est à la mode, les individus vivent comme s’ils vivaient dans une oeuvre d’art. C’est pour cela que ca s’appelle le décadentisme, car l’esthétisme est exagéré jusqu’à l’écœurement.

Le livre par excellence de cette époque est sans hésiter “A rebourd” de Huyssmans, c’est le manifeste de cette époque ! C’est le journal d’un esthète qui se complet dans le trop. Il s’agit d’un voyage à travers le décadentisme, mis en scène par le voyage initiatique d’un esthète désabusé qui cherche le beau de manière compulsive, jusqu’à la répulsion.

Si tu pouvais vivre dans une période historique du passé, laquelle choisirais-tu ?

Je choisirai mon époque sans aucun doute : nous avons accès à toutes les choses que nous souhaitons grâce à internet. Même si notre époque est esthétiquement sans interêt, on peut toujours faire revivre l’esthétisme du passé, il faut savoir en tirer le meilleur.

J‘aime enrichir mon époque  du passé, mais sans vivre comme au XIXème siècle. Je suis très heureuse d’être née au XXIème siècle !

Qu’est ce que la mode pour toi ?

Pour moi la mode c'est avant tout un moyen d'expression personnelle, c'est ludique, c'est vivant, c'est entrer chaque jour dans la peau d'un personnage tout en restant soi, c'est un champ d'exploration personnelle... Il faut que ça reste créatif, et non consumériste car pour moi la mode reste un art décoratif qui se nourrit de tous les autres arts visuels, et fait figure de miroir de la société. A chaque époque la mode a été le reflet des mœurs, des changements de la société, de son développement, ect... Alors je trouve dommage qu'on voit la mode comme quelque chose de futile, car pour moi le vêtement est très révélateur !

Sur quels projets travailles-tu en ce moment ? Et tes futurs projets ?

En ce moment je travaille principalement sur mon blog car mes séries photos me prennent beaucoup de temps, et je m'y donne à fond. A côté je tourne des reportages pour la télé japonaise, aux quatre coins de la terre ! Parallèlement, je continue de faire des recherches et d'écrire sur les femmes au XIXème, en espérant un jour publier un livre..

Quelle est la devise qui t’accompagne tous les jours ?

“i want magic, i want magic ! i don't want realism” c’est l’une de mes citations préférées. Il s’agit d’une réplique du film “Un tramway nommé désir”. L’héroïne s'appelle Blanche Dubois. C’est une femme très précieuse, très coquette, elle refuse de vivre dans la banalité du quotidien. Personnellement, je lui ressemble dans le sens où j’aime embellir mon quotidien.  Sans tomber dans l’extrême, j’aime les belles choses, j’ai un côté dandy. Pour moi, le beau vient de l’aspérité, c’est une notion changeante, comme disait Baudelaire “le beau est toujours bizarre”...

Quel conseil donnerais-tu à nos lectrices d’après tes experiences profesionnelles et personnelles ?

Mon conseil le plus important c'est de toujours rester soi-même. Ca peut paraître idiot mais je trouve que c'est ce qui fait toute la différence car aujourd'hui la sincérité est rare. J'ai toujours écouté mon instinct, toujours avancé à mon rythme, et toujours suivi mon chemin même s'il était parfois à contre-courant. J'ai vu beaucoup de gens très opportunistes et ces gens-là ne réussissent jamais longtemps car il y une sorte de justice naturelle des choses. Il faut rester sincère, honnête et personnel.